Professeur de golf à Tina durant presque 20 ans, titré à de multiples reprises en tant que coach de son école ou des sélections de Nouvelle-Calédonie lors des Jeux du Pacifique ou des championnats de France, Fabrice Ho est, depuis mars 2016, golf manager au Cambodge dans un hôtel 5 étoiles. Retour sur le parcours de ce Calédonien passionné depuis toujours par la petite balle blanche.
“En 1984, mon père nous déposait au golf de Dumbéa, mon frère et moi, le matin à 6 heures, avec une glacière, nous apportait un sandwich à midi et revenait nous chercher à la tombée de la nuit”, se remémore Fabrice Ho, dont le père était garde-champêtre sur cette commune, la première à accueillir un parcours de neuf trous, dès 1981, et sans club-house. Aujourd’hui, ce nouveau quinquagénaire est à la tête de 160 employés d’un 18 trous à Siem Reap, au Cambodge, accolé à un hôtel 5 étoiles, golf qui a obtenu en 2019 l’Asia Pacific Best Golf Resort ainsi que l’Award de l’International Association Golf Tourism Operator, une première pour ce terrain créé il y a 15 ans.
Tout a commencé par un jogging matinal en 1984 quand le pro nouvellement en poste à Dumbéa l’intercepte et lui propose de taper des balles, plutôt que de courir. 15 jours plus tard, Fabrice n’a plus jamais couru de sa vie. Après quelques sélections pour les Minijeux et les Jeux du Pacifique, puis l’armée en 1988 et l’année suivante au centre de formation à Vichy, le meilleur, pour passer son Brevet d’Etat du 1er degré et devenir professeur de golf, alors que, Jean-Louis Guépy est, lui aussi, en formation mais à Bordeaux, il passe trois années en tant que joueur pro sur les circuits français et européen à tenter de percer, une période délicate pour le Calédonien pourtant hébergé à Paris par sa grand-mère. Et la mayonnaise ne prend pas, “je n’arrivais pas à gérer la pression lors des tournois, je devais chaque année regagner ma place pour l’année suivante, les conditions de vie étaient difficiles même si j’ai été un des premiers sportifs calédoniens (tels Robert Teriitehau, Jean-Louis Guépy ou Manolo Barlet, Ndlr) à obtenir des aides financières de la province Sud (un million par an)”. Jean-Louis, lui, décolla. Retour sur le Caillou, la Ligue lui demande de coacher les équipes pour les Minijeux du Vanuatu, et, à l’ouverture de Tina, Jacques Lafleur l’appelle et lui donne 24 heures pour accepter d’y prendre la place de head pro, en janvier 95. Fabrice crée son école de golf qui, en moyenne, avait plus de 100 enfants inscrits chaque année, c’est enfin le début du succès, tout ce qui lui avait manqué en tant que joueur amateur puis pro est banni de son enseignement, “j’avais mes échecs en tête, je savais ce qu’il ne fallait pas faire”.
« Je n’arrivais pas à gérer la pression. »
Fabrice HoEn 2001, il est contacté par la Fédération française pour passer le Brevet d’Etat du deuxième degré, la fédé étant en train de monter les premiers Pôle France et cherchant de jeunes pros dynamiques et motivés, c’est le début de la démocratisation du golf en France. Un prêt bancaire, des aides de la Ligue et de la province en poche, Fabrice fait huit allers retours en 6 mois pour être diplômé (Jean-Louis Guépy l’est aussi mais en tant que sportif de haut niveau, ce sont les deux seuls du Caillou, Ndlr), mais répond néanmoins défavorablement à la Métropole pour se consacrer uniquement à la jeunesse calédonienne. Les résultats tombent les uns après les autres : les trois titres de champion de France de Tony Raillard en Jeunes, la victoire de Claude-Alexandre Lauret aux Masters de France en U14 et celle du club en U16 à l’Orangina Ball, les victoires en 2001 et 2003 en U16 du club aux Championnats de France, une première pour un club français et Hugo Denis, lauréat du Greg Norman Masters U13 en 2010, la liste est encore longue avec en point d’orgue NC2011 où les équipes raflent sept médailles sur huit possible, un record.
Si Fabrice n’envisage pour l’instant sa vie qu’en Asie du Sud-Est, nul doute, pour lui, d’un come-back prochain sur sa terre natale, ses nouvelles compétences dans sa valise de retour.