Julien Foret n’était pas revenu sur le Caillou depuis neuf ans. Contacté par la Ligue pour animer deux stages, en décembre, c’est le club de Tina qui va profiter de ses seize années passées sur le circuit européen. Le voilà en charge de dynamiser son école de golf et ses différentes équipes.
Vous avez été contacté par la Ligue de golf seulement pour animer deux stages en décembre, et vous voilà un mois après responsable du sportif à Tina. Est-ce le hasard de la vie ou une décision mûrement réfléchie ?
J’ai eu des approches il y a quelque temps par plusieurs personnes, j’y ai beaucoup réfléchi, et aujourd’hui j’ai l’opportunité de faire partie de la suite du golf calédonien. J’intègre donc Tina pour y superviser l’enseignement, en tant qu’entraîneur, même si j’ai ma carrière pro d’un autre côté. C’est de la réflexion et des discussions, mais j’ai toujours voulu revenir chez moi, c’est sûr.
Ce qui veut dire que vous avez aussi été contacté par la Ligue, pour coordonner le Centre territorial d’entraînement (CTE), la place étant libre ?
La Ligue, par l’intermédiaire de son président Philippe Dano, a lancé un appel à candidatures pour ce poste, elle est à la recherche de quelqu’un. J’ai déposé mon dossier et je sais que Jean-Louis Guépy le fera ce soir (lundi, ndlr). Il y a peut-être d’autres candidats, je n’en sais rien du tout. Après, ce n’est pas une décision qui m’appartient.
Que signifie head pro, ou responsable du sportif au sein du club de Tina ?
C’est avant tout faire part de mon expérience. Je viens exclusivement pour le sportif, j’ai 20 ans de haut niveau derrière moi, je ne reviens pas sur le Caillou pour me poser sous un cocotier, ce n’est pas mon ADN. J’ai la volonté d’aider les jeunes, mais aussi les joueurs amateurs au quotidien. Les aider à suivre mon chemin ou celui de Tony Raillard (directeur adjoint du golf de Déva, ndlr), ce que nous, nous n’avons pas eu. Beaucoup trop de jeunes se perdent quand ils arrivent sur le circuit, et ils arrêtent très vite.
Il y aura donc l’école de golf le mercredi et le samedi, et les entraînements des équipes. Et surtout, on envisage de monter une équipe de jeunes, pour aller jouer les promotions en Métropole, il y a trop longtemps que la Calédonie n’a plus de résultats. Ici, le niveau a baissé, alors qu’ailleurs il a augmenté.
« Déva correspond à toutes les exigences du niveau international. »
Vous avez conduit deux stages en décembre, l’un pour les sélectionnés aux futurs Minijeux du Pacifique en juin aux Mariannes du Nord et l’autre pour les élèves du CTE, quel bilan en faites-vous ?
Il y avait beaucoup de jeunes que je ne connaissais pas, bien que je suivais leurs résultats sur internet, et j’ai pu mettre des visages sur des noms. Au départ, j’ai pris des informations que j’ai analysées, puis au fil des jours je leur ai donné des outils pour qu’ils puissent s’entraîner dans les meilleures conditions. Des outils pour qu’ils sachent s’autoévaluer, qu’ils connaissent leur niveau. Je ne suis pas venu entraîner, c’est le rôle de leur coach. Donc un constat, une analyse et un contenu. Par exemple, il a fait très chaud ces deux semaines, il faut donc savoir s’alimenter en conséquence, boire et manger souvent… ce qui n’a pas été le cas. Un bilan a été donné à leurs enseignants.
Vous avez joué la semaine dernière sur le golf de Bourail, ouvert en 2015. Un golf que vous avez découvert. Quel est votre avis de joueur professionnel ?
J’en avais vu de belles photos sans avoir trop de retours des joueurs. J’ai adoré jouer ce parcours qui, aujourd’hui sur le plan technique, est ce qui se fait de mieux sur le territoire. Le dessin, les obstacles, c’est vraiment un super outil pour les jeunes, pour ceux qui veulent évoluer. Il correspond à toutes les exigences du niveau international. Si vous êtes performant à Déva, cela veut dire que vous pouvez voyager.
Comment avez-vous découvert le golf ?
Totalement par hasard, mes parents m’ont inscrit dans une colonie de vacances, c’était aux Paillottes de La Ouenghi, j’avais 13 ans. Une des activités était le golf, et là Dominique Ricaud m’a repéré, il a tout de suite voulu que j’intègre l’école de golf de Tina qui était en train de se créer. Je fais donc partie des tout premiers, en 1995, à avoir intégré cette école, et à être formé par Fabrice Ho. J’étais passionné, j’y retrouvais les copains, il y avait un réel challenge entre nous et tout de suite il y a eu un bon niveau, une belle génération de très bons golfeurs.
Une semaine sur le circuit, mode d’emploi :
Avant que la saison démarre, Julien Foret, son agent, son préparateur mental, son préparateur physique et son coach technique se posent autour d’une table pour discuter du calendrier de l’année à venir. Quels vont être les objectifs ? À quels tournois participer ? Quelles seront les semaines d’entraînement, celles de repos ?
Pour un tournoi en Europe, le voyage, en avion, c’est le lundi. La logistique est gérée à l’avance, bien sûr, par l’agent, pour avoir une chambre, une voiture, etc. Le mardi et le mercredi, ce sont deux grosses journées de repérages sur le terrain, celui-ci est scruté dans les moindres détails : les zones de danger, la hauteur des fairways et celle des roughs, les bunkers peu profonds ou non et ceux à surtout éviter, le vent dominant, où poser son drive, etc. Ces deux journées se terminent par de l’entraînement, technique ou physique, vers 21 heures.
Un travail qui se réalise en partenariat avec un caddy, soit la personne qui accompagne le pro toute la semaine, dès le lundi jusqu’à la fin de la compétition (il est payé 120 000 F la semaine, avec un pourcentage sur les éventuels gains, ndlr).
Le tournoi commence le jeudi, sur trois ou quatre tours, avec l’élimination de la moitié du champ de joueurs après deux tours, c’est le cut (145 joueurs au départ). Les non-qualifiés rentrent chez eux, avec un gain de… 0 franc. En règle générale, un joueur « n’enchaîne jamais plus de quatre semaines de compétition, c’est trop éprouvant, précise Julien, physiquement et nerveusement ». Arrive un break d’une à deux semaines, « la récupération est très importante, on doit rester dans la qualité ».
Après 16 années sur les circuits européens, plutôt en deuxième ou troisième divisions, cela reste une superbe expérience pour Julien, voire « extraordinaire », le Calédonien arrivant du Caillou seul, sans expérience.
« J’ai un peu essuyé les plâtres » mais « j’ai côtoyé ce qui se fait de mieux dans mon métier, de super joueurs, des terrains magnifiques avec une organisation au top. »