Il est alerte, il n’a que 80 ans, il a la stature imposante d’un sportif accompli, a les yeux pétillants de sagesse, bleus, et a une nombreuse descendance avec un palmarès sportif hors du commun. Entretien avec Georges Guépy, le président du Golf club de La Ouenghi, un bénévole passionné de sport depuis son plus jeune âge.
Commençons cet entretien par le sujet brûlant du moment, que pensez-vous de la crise que nous traversons actuellement sur le Caillou ?
C’est simple, je suis de nature optimiste, mais je reste réaliste ! Il faut que nous arrêtions tous de rêver car la réalité veut que la Nouvelle-Calédonie évolue. Tout le monde doit pouvoir prendre la parole, c’est une question de bon sens. Les « casseurs » n’ont pas raison de mettre le pays à plat, ce n’est pas possible. Il y a eu les différents accords et maintenant il faut continuer à évoluer, tous ensemble. Aucun pays au monde n’est « indépendant », à nous de trouver la solution la meilleure, on sera toujours dépendant de quelqu’un de toute façon, d’une autre puissance. Personnellement, la Chine ne me dit rien.
Dimanche 1er septembre, c’est la reprise des compétitions à La Ouenghi. Comment se présente ce Trophée de la ville de Boulouparis ?
C’est un trophée qui existe depuis une dizaine d’années. Je ne sais pas encore combien il y aura de joueurs, mais je serais déçu s’il n’y a pas au moins quatre-vingt joueurs. Il y a dix jours, nous étions soixante inscrits pour un tournoi qui s’appelle le Senior des amis. Ce fut une bonne nouvelle. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en fait il y a deux Ouenghi. La Ouenghi de Boulouparis, Port-Ouenghi, Tontouta, j’élargis jusqu’à La Foa et Moindou, et La Ouenghi de Nouméa. C’est celle-là qui a coincé pour venir. Il faut remonter au 5 et 6 mai pour l’avoir vue (il y aura dimanche 97 participants, ndlr).
Que s’est-il passé à La Ouenghi depuis le début des « émeutes, soit une semaine après ?
Compte tenu de ce qu’il s’est passé, Les Paillottes ont fait comme tout le monde, elles ont fermé la boutique. Elles se sont protégées plutôt que de chercher à faire des affaires. Un peu plus d’un mois. Après, il y a eu une réouverture progressive. L’hôtel est toujours fermé, on peut juste y manger, et y jouer bien sûr. Nous, le club, on a essayé d’apporter un plus, j’espère vraiment qu’il y aura du monde dimanche. La ville de Boulouparis est notre principal soutien, elle est très généreuse, déjà du temps d’Alain Lazare et en toute continuité avec Pascal Vittori. C sont de bonnes relations avec Les Paillottes d’une part, et avec le club d’autre part. J’espère qu’il y aura des pros. Les pros sont des catalyseurs.
Une surprise est prévue lors de la remise des prix. On peut en parler ?
Oui et non… On va faire un hommage à l’histoire ! A l’histoire de La Ouenghi, à l’histoire de Dino Sacilotto, le pionnier et créateur, qui a 80 ans, comme moi. C’est tout ce que je peux dire, il faudra être présent pour le savoir, cela doit être une surprise pour Dino (Julien Foret et Jean-Louis Guépy ne sont pas étrangers à l’affaire, la FFG non plus, ndlr).
Jacques Coulson, vice-président du club de 2004 à 2008, puis président jusqu’en 2019, à gauche sur la photo. « J’ai approché Georges pour qu’il soit mon vice-président, histoire qu’il apporte une part de sa sagesse afin de calmer mon caractère parfois impulsif. Alors que nous voyagions tous chacun de notre côté pour aller golfer en Australie ou en Nouvelle-Zélande, il me dit : « et si nous y allions ensemble, avec des membres du club ? ». C’est ainsi que, chacun payant sa part, nous avons voyagé ensemble, et que nous avons rencontré lors de compétitions des personnages importants qui ont inspiré Georges. « Pourquoi ne créerions-nous pas une compétition internationale à La Ouenghi ? » Voilà comment a démarré l’Open Senior Hyundai, grâce à un sponsor que Georges a convaincu de nous suivre. Lors du 1er, il y avait huit étrangers, nous sommes montés max à vingt-deux (Australie, Nouvelle-Zélande, Vanuatu, Polynésie française et Singapour) pour cent dix joueurs au total sur trois jours. C’est toujours l’opération phare de notre club. »
Quels ont été les premiers sport que vous avez pratiqués ?
J’ai fait presque tous les sports. Mon tout premier, c’était le football, à L’Olympique, j’ai joué avec Marc Kanyan. En universitaire, à Paris, je jouais au volley-ball ainsi qu’à mon retour sur le Caillou. Après, j’ai joué au tennis, au Mont-Coffin, il n’y a que là qu’il y avait des terrains de tennis. Comme j’étais au conseil municipal de Nouméa, en 1971, à l’âge de 27 ans, je me suis bien évidemment intéressé au sport, et j’ai proposé au maire, Roger Laroque, de nous louer à titre gracieux un terrain.
Donc, il n’y avait pas de section tennis à L’Olympique ?
Si, mais tous les clubs jouaient au Mont Coffin. Il y avait L’Olympique, L’Indépendante et le club du Mont Coffin lui-même. Roger Laroque m’a dit qu’à l’aide d’un technicien de la mairie j’allais pouvoir choisir un terrain. Le premier terrain visité est là où il y a la maternelle de la Vallée-du-Tir, qui domine la SLN, Les petits Poucets. Le même jour, il m’emmène sur le terrain actuel, c’était la pépinière municipale qui devait déménager au Pk7. C’est un terrain qui devait faire un hectare, à peu près. Avec nos économie, 4 millions, avec un pot commun de soixante-dix donateurs qui ont donné 30 000 francs, à l’époque c’était beaucoup, et quatre cautions, Jacques Lafleur, Marcel Donneau, Charles Berge et Maître Leder, nous sommes allés à la Banque Indo-Suez pour faire six terrains. Construction en 1976, ouverture en 1977.
« C’est Jacques Lafleur qui m’en a parlé. »
Pas de vestiaires ?
Non ! Pas de vestiaires, pas de toilettes, donc on a redemandé de l’argent pour les construire. Puis on a refait quatre autres terrains, il y en a dix aujourd’hui. Arrivent 1987 et les Jeux du Pacifique, et on me dit que la ville n’est pas assez équipée en salles de squash. Il n’y avait que le club de la Baie-des-Citrons. J’en reparle à Roger Laroque qui me dit que si on a le terrain, la mairie avance les fonds, on doit emprunter, et la mairie se porte caution. C’était en 1986, le maire a inauguré le complexe.
C’est là que vos deux fils ont commencé le tennis ?
Oui, j’habite ici depuis 1973 (Magenta, après les tours, ndlr) et mes gamins allaient à pied en traversant la crête pour aller à Sainte-Marie. Ils avaient 6/7 ans. Depuis, le club fonctionne très bien je trouve, il y a maintenant deux terrains de padel en plus qui marche à fond. Eric Bousquet, du Mont Coffin, avec qui je discutais il y a peu, est à fond dans ce nouveau sport. Je lui ai dit OK pour le padel, mais pas au détriment du tennis ! Il ne faut pas utiliser les terrains de tennis pour y mettre à la place deux de padel, sinon ça va tuer le tennis ! Je comprends bien que c’est très rentable, il y a trois semaines ils avaient deux-cents personnes.
Frédéric Guépy, le cadet né en 1968 (de 1987 à 1995, tous les deux ans Jeux et Minijeux du Pacifique inclus, a gagné toutes les médailles par équipe, en tennis).
« Je n’ai qu’une chose à dire sur mon père, et ce n’est pas compliqué : son plus gros défaut, c’est son honnêteté !»
Vous avez été président de la section tennis ou de L’Olympique ?
De la section tennis, pendant dix-sept ans.
Parlons golf. Comment avez-vous découvert ce sport ?
Un jour que je passais un examen médical pour renouveler ma licence de tennis, le cardiologue est resté longtemps devant les résultats et me demande s’il m’arrive d’aller en Australie en vacances. Oui bien sûr, mais pourquoi ? Il m’explique alors qu’il faudrait que la prochaine fois je consulte un cardiologue pour un contrôle un peu plus poussé ! Résultat, une cardiomyopathie, une malformation du muscle cardiaque. Ce qui a entrainé « l’ordonnance » suivante : continuer le sport, mais sans violence, c’est-à-dire jouer au tennis, mais qu’en double ! J’avais une quarantaine d’années. Un soir, j’en discute avec Jacques Lafleur qui me dit : mais qu’est-ce que tu attends pour te mettre au golf ? Non non, je ne suis pas golf, ça ne m’intéresse pas le golf ! Dans la foulée, après avoir fêté les médailles d’or en tennis aux Jeux, mon fils Jean-Louis est allé à Dumbéa avec une bande de potes. Il revient le soir et dit à sa mère qu’il veut arrêter le tennis pour se mettre au golf. Stupeur, je sais ce que m’a coûté Jean-Louis au tennis, les stages à Marseille, à Nîmes chez Georges Deniau, ce n’est pas la Cafat qui a payé ! Bref, la semaine suivante, tournoi à Dumbéa, et premier en 3e série, Jean-Louis Guépy. Et c’est parti comme ça.
Jean-Louis Guépy, l’aîné né en 1967 (en 1983 à Apia et 1987 à Nouméa, en tennis, a gagné l’or en équipe et l’argent en simple à Nouméa. En 2007 à Apia, en tant que coach des féminines, en golf, a remporté l’or par équipe, l’argent et le bronze en simple. Sans oublier qu’en tant que pro de golf, il a été n°1 Français et 50e Européen en 1995. Avec, toujours en poche, un record mondial en golf, soit dix birdies consécutifs en 2004 lors de l’Open de Marcilly).
« Mon père, c’est un bâtisseur. Il aime le sport, il fédère, il sait créer une ambiance club. Ce qu’il a fait à La Ouenghi, c’est la suite logique de ce qu’il a fait à L’Olympique. Bref, il fait partie des vieux sages, de ces dirigeants qui n’existent plus. »
Mais plus précisément ?
En 1987, je faisais partie de l’organisation des Jeux à Nouméa, Roger Kaddour, le président, m’avait assigné la fonction de responsable de la restauration, je dois dire que je n’ai pas rigolé pendant deux semaines ! Et se trouvait dans l’organisation un directeur du ministère de la Jeunesse et des sports, un type super, nous lui avons parlé, avec Roger, du cas de Jean-Louis qui commençait à bien jouer. C’est lui qui a accepté que Jean-Louis fasse son service militaire à Villacoublay. C’est parti comme ça, après il est allé au centre de formation de Vichy, avec Fabrice Ho, autre joueur calédonien, pour passer le brevet d’Etat de golf. Deux ans après, c’est allé très vite, il était sur le Challenge Tour.
1995, il est n°1 Français et 50e Européen…
Oui oui, mais malheureusement, il a souffert de problèmes de santé important. Il est parti, il est revenu, exemption de santé deux ans, il perd sa carte et la reprend, bref je sais qu’il aurait pu avoir plus de chance.
« J’en suis le président depuis deux ans. »
Pourquoi êtes-vous membre de La Ouenghi, vous l’homme de Nouméa qui a siégé trente ans, de 1971 à 2001, au conseil municipal de Nouméa ?
Oh là là, de la manière la plus bête qui soit ! J’avais pris ma licence à Tina et je m’inscris à un tournoi à La Ouenghi. Dominique Ricaud me signale que oui je suis inscrit à la compète mais non je n’ai pas de licence. Cela m’a un peu vexé, j’avais bien payé mais Tina avait « oublié » de faire les démarches. Je peux jouer et rebelote dix jours après encore à La Ouenghi, toujours aucune démarche de faite à Tina. A ce moment, j’étais en colère, je dis à Dominique de m’inscrire tout de suite dans son club. A l’époque, c’était le pro du club. Je suis parti de Tina comme ça. Voilà, ensuite je suis rentré comme simple membre du club, c’était M. Janin le président, et c’est Jacques Coulson qui m’a demandé d’être son vice-président. J’en suis le président depuis deux ans.
Dernière question, une que je vous avais déjà posé il y a trois ans, affirmez-vous toujours que Louis, un de vos petits fils, est celui de la famille qui a le plus fort potentiel ?
Oh oui, c’est le plus doué, il joue un golf d’instinct ! Il a une longueur de balle énorme, il peut driver à 300 mètres, mais il lui manque le petit jeu, c’est dommage.
La descendance Guépy…
Un immense respect pour un monument Calédonien, un grand homme, et un grand honneur d’avoir eu la chance de partager quelques moments avec lui, thank you Mister…