Jean-Daniel Burtet est le P.-D.G. de la SEM de Tina, une société en charge de la gestion de toutes les structures du golf de Tina, à Nouméa. En cette fin d’année 2024 qui a vu le Caillou secoué par de graves exactions dont on ne connaît pas encore les réelles répercussions économiques et sociales, l’ancien notaire qui a pris sa retraite il y a un an se confie, sans fards, sur son nouveau rôle.
Depuis quand occupez-vous ce poste de P.-D.G. ?
Je suis en place depuis décembre 2023. Précédemment, j’ai été simple administrateur pendant quatre années, notamment en charge de l’aspect financier de la SEM.
Qu’est-ce qu’une SEM, pourquoi cette structure a-t-elle été créée ?
Une SEM est une société dont les actionnaires publics sont majoritaires. Elle a été créée en 1994 quand Jacques Lafleur a eu l’excellente idée d’un parcours de golf sur Nouméa. Cela nécessitait des fonds publics car ce n’était pas possible qu’un privé seul développe un tel projet. C’est donc la province Sud qui a injecté de l’argent, elle est aujourd’hui actionnaire majoritaire à hauteur de 77%. Il y a aussi les mairies de Nouméa et du Mont-Dore, et une petite part d’actionnaires privés. La SEM est donc lancée en 1994 et on fête aujourd’hui les 30 ans du golf de Tina.
« Les commissaires aux comptes ont fait une alerte de cessation de paiements. »
Il y a trois ans, Dominique Ricaud est nommé directeur de la SEM avec pour mission de mettre les comptes à l’équilibre, c’est-à-dire sans aucune subvention publique. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Effectivement, on a demandé à Dominique et moi-même de regarder ce qu’il se passait dans les comptes de la SEM, elle était déficitaire depuis de nombreuses années. Il fallait chaque année que la province mette « la main à la poche ». Est arrivé le moment, en 2019 ou 2020, où les commissaires aux comptes ont fait une alerte de cessation de paiements, avec une probable faillite de la SEM. Notre mission première était donc d’assainir les comptes, que la SEM puisse vivre seule, sans aucune subvention publique. C’est ce qu’on s’est attachés à faire, et on y arrive depuis maintenant deux/trois ans. En gros, dépenses et recettes, c’est 170 millions.
Quelle est la dépense de fonctionnement la plus lourde ?
Essentiellement la masse salariale, c’est le plus gros poste de dépense actuellement. Nous avons quatorze salariés. Ce qu’il faut savoir, c’est que le golf de Tina, de par ses nombreux dénivelés, nous oblige à faire du travail « à la main ». Contrairement à Dumbéa ou La Ouenghi où l’on passe les machines sur tout le terrain, ou presque. Ici, c’est débroussailleuse à la main et cela prend énormément de temps.
Le terrain, justement, cristallise des tensions au sein de vos cotisants, des joueurs « green-fee » aussi, pour deux raisons principales, la qualité des greens et le manque d’arrosage. Vos oreilles ne sifflent pas trop en ce moment ?
Attention, ce n’est pas un défaut d’entretien ! Seuls un tiers des fairways sont arrosés, alors que tous les départs et les greens le sont. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à la création du parcours, les concepteurs avaient décidé de ne pas mettre de l’arrosage partout. Peut-être qu’à l’époque la pluviométrie n’était pas la même, mais aujourd’hui nous sommes en période de sécheresse et les vents de ces derniers temps ne nous épargnent pas. On n’a donc pas un système d’arrosage adéquat, et pour y remédier… c’est un coût colossal.
« Faire venir un greenkeeper d’expérience. »
Vous l’avez chiffré ?
Non, pas encore, mais cela fait partie des projets, notamment de faire venir un greenkeeper avec une vraie expérience, et de lui donner comme mission de chiffrer l’éventualité de l’arrosage complémentaire. Peu ou prou on sait ce que cela pourrait nous coûter, c’est énorme et pour l’instant on n’en a pas les moyens. On a aussi les pompes qui commencent à fatiguer, il faudra les changer. D’ailleurs, elles sont tombées en panne pendant trois semaines au mois de juillet, on n’a pas pu arroser les greens, c’est ce qui a aussi participé à l’état dégradé du terrain.
Mai, juin, juillet, quels ont été les impacts des émeutes ?
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Déjà, un seul employé a pu venir travailler pendant un mois et demi, et encore quand il n’était pas empêché par les voisins vigilants du lotissement du golf de se rendre sur son lieu de travail. De plus, quand on a pu rouvrir, la moitié du personnel a servi au gardiennage des locaux la nuit. Il n’était donc pas à l’entretien du terrain. On peut dire que de mai à août l’entretien a été un peu défaillant. Vous l’avez compris, ce n’était pas et n’est pas une question de mauvaise volonté de notre part.
Les émeutes ont eu aussi un impact sur le nombre de cotisants. Début août lors d’une réunion à la Ligue, Dominique Ricaud parlait d’une vingtaine de personnes en moins. Et aujourd’hui ?
À mi-novembre, on en est à cinquante personnes. C’est énorme, sur une année on parle de 15 000 000 de francs de recettes en moins.
« Le club-house devrait être opérationnel en juillet/août 2025. »
Le championnat de Nouvelle-Calédonie s’est déroulé sur votre terrain du 9 au 11 novembre. Quelles ont été les discussions avec les organisateurs pour l’obtention de cette compétition ?
On a eu une réunion avec la Ligue et les arbitres. Ils nous ont donné un certain délai pour assurer une remise en état du terrain. C’est tout à fait normal. Donc nos équipes se sont battus avec acharnement, il y a eu des heures supplémentaires de travail fournies par l’équipe pour rattraper les greens et le parcours. Je pense que c’était pas trop mal.
Effectivement, je confirme. Pour finir avec l’arrosage, quelle est la partie qui l’est ?
Exactement… je ne sais pas, mais en gros le dernier tiers du parcours.
Le nouveau club-house se monte petit à petit, l’ouverture est prévue à quelle date ?
Elle était prévue pour décembre/janvier, évidemment qu’il y a du retard et les 400 mètres carrés devraient être opérationnels en juillet/août 2025. Cela va nous permettre le jeu des chaises musicales. Le restaurant se déplaçant dans le nouveau club-house, les voiturettes de location vont quitter le hangar très à l’écart du parking et être montées dans le restaurant actuel. On a hâte que cela fonctionne.
Quel est son coût de construction ?
170 millions. La province Sud, la SEM les finance.
« Je prends beaucoup d’avis, j’analyse et je retiendrai celui dominant. »
Ce club-house va surplomber le green du 9, est-il prévu d’inverser les neuf premiers trous avec les neuf derniers pour avoir une arrivée de compétition au « nouveau » 18 ?
Jocker ! À ce jour la décision n’est pas prise. Ce qui est certain, c’est que sur les gros tournois, ce changement pour les joueurs et les spectateurs, ce serait idéal. Mais cela pose toutefois des difficultés, des questions. J’en parle avec beaucoup de personnes, il y a du pour et du contre.
C’est vous qui allez trancher ?
Au final, certainement. Mais je tranche rarement tout seul car je considère que je n’y connais rien au golf, entre guillemets, je prends donc beaucoup d’avis, j’analyse et je retiendrai celui dominant, le plus cohérent.
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